Les lits de ma vie (par Véronique)

Quoi de plus banal qu'un lit, quelques planches, un matelas, mais qui dira tout l'univers du rêve qui l'entoure.
Lit de ma jeunesse, je me souviens d'un chalet de pêche dans la Somme, nous passions tous les week-ends du printemps à l'automne. La chambre était minuscule, au mur un papier peint orange aux formes psychédéliques (merci les années 70). On avait réussi à y mettre un grand lit et des lits superposés.
Il faisait parfois froid et je me réfugiais sous l'immense édredon rouge, sentant la proximité immédiate de ma famille, l'odeur du feu de bois, et dans le lointain, d'étranges cris d'oiseaux.
Au petit matin, l'humidité glissée sur les vitres et nos pieds se crispaient sur le carrelage froid… nous préférions différer notre petit déjeuner pour continuer nos rêves sous la couette.
Un lit original : les trains couchettes en Inde. Cela fait partie de l'expérience indienne, notre guide nous l'avait vanté : nous ne pouvions pas passer à côté, il fallait voyager dans les trains couchettes.
De prime abord, c'est un train tout ce qu'il y a de plus normal : des banquettes en skaï, sur lesquels prennent place hommes, femmes, enfants, touristes, vêtements traditionnels, saris,… musique, odeurs d'épices, de miel, tout se mélange dans un petit compartiment. Puis le soleil se couche et commence un étrange ballet : chacun doit prendre possession de son espace : des dossiers se transforment en sommiers. Des draps attachés par des épingles fixent les limites d'une nouvelle intimité. Et chacun se couche tant bien que mal. Maris et femmes se disent bonsoir, les enfants chahutent un peu. Certains prient ou chantent. Le temps de m'endormir, bercée par le doux balancement du train. Je réalise que je suis à des milliers de kilomètres de mon lit moelleux, dans un pays dont j'ignore à peu près tout et où tout m'étonne.
Quand un bruit strident et redoublé explose dans mes oreilles.
Et oui, en Inde, même au milieu de la nuit, quand 2 trains se croisent, ils se « saluent » par un sifflement. Je regarde mes voisins, ils dorment, habitués à ces bruits. Et dans la torpeur de la nuit, je tente de faire comme eux...

Véronique