- LaurantInvité
Le héron
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sait où
Le héron au long bec emmanché d’un long cou :
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l’oiseau n’avait qu’à prendre ;
Mais il crut mieux faire d’attendre
Qu’il eût un peu plus d’appétit :
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l’appétit vint : l’oiseau
S’approchant du bord vit sur l’eau
Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux,
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
« Moi des tanches ? dit-il, moi héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? »
La tanche rebutée, il trouva du goujon.
« Du goujon ! C’est bien là le dîner d’un héron !
J’ouvrirais pour si peu le bec ! Aux dieux ne plaise ! »
Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu’il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fût tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner,
Surtout quand avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris. Ce n’est pas aux hérons
Que je parle. Ecoutez, humains, un autre conte.
Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons.
Jean De La Fontaine
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Black, blanc, court-bouillon
Un jour, dans son bush, allait au hasard
Blackardo, un grand black pas bavard
Il côtoyait un lac africain.
Laid Rika n’y avait pas vomi son fioul ;
Mon copain Thon draguait cool
Son ami Dauphin.
Not’ noir aurait pu nourrir sa faim :
Tous non loin du bord, Blackardo n’avait qu’à choisir,
Mais il crut
us malin d’ouïr
A la radio Kultur-Matin :
Il boulotait un Slim-fast, goinfrait par ci par là.
Au bout du bout la faim vint : Blackardo
S’approchant du bord vit un poisson nabot
Qui sortait du HLM du bas.
Un plat qui lui plut pas ; il visait plus haut,
Souhaitait un gros cuissot
Ainsi qu’un snob qui savait jouir.
« Moi un nain ? dit-il, Moi Blackardo nourrir
Mon corps d’un bambin ? Jamais ! »
Nabot disparu, il trouva un mauvais
Vairon. « Du vairon ! Autant un Mac Do, ah mais !
Mon grand colon pour ça ! Plaisantins ! »
Pour finir, tout alla si mal
Qu’il n’attrapa plus aucun animal.
La faim lui tomba sur un coin,
Pour finir, il trucida un amiral.
« Soyons cool, baba »
Dit-il, accommodant son rata.
« Pas mauvais, un blanc au court-bouillon.
Attaquons par la main, suçotons
Un cubitus, finissons par trois doigts. »
Blacks ou blancs, ouvrons nos pavillons,
Goûtons nos danois, nos finnois, nos bavarois,
Saignons, tronçonnons, mijotons, puis baffrons.
Laurant
Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sait où
Le héron au long bec emmanché d’un long cou :
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
Ma commère la carpe y faisait mille tours
Avec le brochet son compère.
Le héron en eût fait aisément son profit :
Tous approchaient du bord, l’oiseau n’avait qu’à prendre ;
Mais il crut mieux faire d’attendre
Qu’il eût un peu plus d’appétit :
Il vivait de régime, et mangeait à ses heures.
Après quelques moments l’appétit vint : l’oiseau
S’approchant du bord vit sur l’eau
Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.
Le mets ne lui plut pas ; il s’attendait à mieux,
Et montrait un goût dédaigneux
Comme le rat du bon Horace.
« Moi des tanches ? dit-il, moi héron que je fasse
Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? »
La tanche rebutée, il trouva du goujon.
« Du goujon ! C’est bien là le dîner d’un héron !
J’ouvrirais pour si peu le bec ! Aux dieux ne plaise ! »
Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu’il ne vit plus aucun poisson.
La faim le prit, il fût tout heureux et tout aise
De rencontrer un limaçon.
Ne soyons pas difficiles :
Les plus accommodants, ce sont les plus habiles :
On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner,
Surtout quand avez à peu près votre compte.
Bien des gens y sont pris. Ce n’est pas aux hérons
Que je parle. Ecoutez, humains, un autre conte.
Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons.
Jean De La Fontaine
__________________________________________
Black, blanc, court-bouillon
Un jour, dans son bush, allait au hasard
Blackardo, un grand black pas bavard
Il côtoyait un lac africain.
Laid Rika n’y avait pas vomi son fioul ;
Mon copain Thon draguait cool
Son ami Dauphin.
Not’ noir aurait pu nourrir sa faim :
Tous non loin du bord, Blackardo n’avait qu’à choisir,
Mais il crut
us malin d’ouïr
A la radio Kultur-Matin :
Il boulotait un Slim-fast, goinfrait par ci par là.
Au bout du bout la faim vint : Blackardo
S’approchant du bord vit un poisson nabot
Qui sortait du HLM du bas.
Un plat qui lui plut pas ; il visait plus haut,
Souhaitait un gros cuissot
Ainsi qu’un snob qui savait jouir.
« Moi un nain ? dit-il, Moi Blackardo nourrir
Mon corps d’un bambin ? Jamais ! »
Nabot disparu, il trouva un mauvais
Vairon. « Du vairon ! Autant un Mac Do, ah mais !
Mon grand colon pour ça ! Plaisantins ! »
Pour finir, tout alla si mal
Qu’il n’attrapa plus aucun animal.
La faim lui tomba sur un coin,
Pour finir, il trucida un amiral.
« Soyons cool, baba »
Dit-il, accommodant son rata.
« Pas mauvais, un blanc au court-bouillon.
Attaquons par la main, suçotons
Un cubitus, finissons par trois doigts. »
Blacks ou blancs, ouvrons nos pavillons,
Goûtons nos danois, nos finnois, nos bavarois,
Saignons, tronçonnons, mijotons, puis baffrons.
Laurant
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